Folklore namurois : la Royale Moncrabeau et ses Quarante Molons

Le Musée des Instruments de Musique de Bruxelles (MIM) a partagé un nouveau documentaire dans sa passionnante série "Traditional music in Belgium". Cette fois, il plonge dans la tradition de ce qui est sans doute la plus ancienne société folklorique de Wallonie : la Royale Moncrabeau et ses "Quarante Molons". Créativité burlesque et autodérision sont au programme !

Nous vous parlions il y a deux ans de la vidéo consacrée à la tradition finissante des sonneurs de cloches. La série "Traditional music in Belgium" du Musée des Instruments de Musique de Bruxelles (MIM) revient en force avec un tout nouveau documentaire consacré cette fois à un folklore emblématique de la ville de Namur : les Quarante Molons. Ensemble, cette bande de gais lurons aux costumes et aux instruments burlesques constituent la société folklorique Royale Moncrabeau qui, du haut de ses 180 ans d'existence, est sans doute la plus ancienne de Wallonie. 

C'est Stéphane Colin, collaborateur au service pédagogique du MIM et membre du Comité scientifique de Melchior, qui produit et réalise cette série, ainsi que les prises de son et les interviews. Pour lui, ce choix était une évidence : "Nous réalisons progressivement une série pour le grand public montrant le folklore musical en Belgique, et particulièrement celui qui utilise des instruments de musique spécifiques. A ce point de vue, les Molons devaient être mis en valeur, étant un des groupes mirlitophiles les plus actifs et, je pense, un des seuls en Wallonie".

Mirliton, mirlitontaine !

Un orchestre mirlitophile se compose comme son nom l'indique de militons, un instrument en forme de tube garni de deux membranes qui produisent un son caractéristique en vibrant lorsque l'on chante à travers. Cela a l'avantage d'être simple et à la portée de tous, mais aussi personnalisable : chacun est donc invité à le transformer à son image, ce qui rend l'ensemble particulièrement insolite. "Les Molons, c'est la musique pour s'amuser, et sans nécessairement être musicien", explique Stéphane Colin. "Ils ont su confectionner les instruments les plus burlesques et les moins musicaux qui soient. De la pataphonie ou du Max Vandervorst dès le 19e siècle. Avec le mirliton, ils forment en outre un orchestre ludique dans lequel toute personne qui sait un tant soi peu chanter peut trouver sa place. Ils associent donc plaisir, autodérision, amour du chant et de la musique, des valeurs fondamentales qui, pour moi devraient être présentes chez chaque musicien, aussi grand et virtuose soit-il !"

Le documentaire a été réalisé en trois tournages qui ont eu lieu en novembre 2022 (messe de la Sainte-Cécile), janvier 2023 (interview pendant une répétition dans leur local) et septembre 2023 (intronisation par les menteries), pour varier les prises de vue. Comme les autres vidéos de la série, il est filmé et monté par Matthieu Thonon, collaborateur à la bibliothèque et responsable de la collection des enregistrements du MIM. 

Un projet qui ne sera pas le dernier, nous assure Stéphane Colin : il reste fort à faire, tant en Wallonie qu'en Flandre. Avec des traditions telles que les orchestres royaux de mandolines, les cafés de Flandre avec orgues mécaniques ou encore les sonneurs de Roeselaer, il l'avoue non sans un sourire : "Je crois qu'on en a jusqu'à la pension !"