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Né à Boom, le musicologue, pianiste et chef d’orchestre Paul Collaer (1891-1989) était chimiste de formation. Durant ses études et ses années au front, il organise et donne des concerts.
Après la Première Guerre mondiale, il commence par enseigner à l’Athénée royal de Malines, tout en se produisant avec le Quatuor à cordes Pro Arte. En 1921, avec les membres de ce Quatuor et le chef de la musique des Guides, Arthur Prevost, il fonde les "Concerts Pro Arte" à Bruxelles, afin d’attiser l’intérêt pour la musique contemporaine et d’en favoriser l’exécution. Son approche de la musique nouvelle fera l'objet de son ouvrage : La Musique moderne 1905-1955.
De 1937 à 1953, Paul Collaer est le directeur de la musique des émissions flamandes de la radio belge I.N.R.–N.I.R., défendant la musique contemporaine tout en contribuant à la redécouverte de certaines figures musicales du passé comme Monteverdi - il produira La Favola d'Orfeo en 1940.
Après la Seconde Guerre mondiale, Paul Collaer se consacre essentiellement à l’ethnomusicologie. À l’exemple des autres ethnomusicologues, il met à profit la présence de prisionniers de guerre musiciens pour enregistrer leurs chants. Il débute ainsi, en quelque sorte, un travail de terrain qu’il développera activement après sa mise à la retraite, notamment dans le Sud de la France et en Italie, mais aussi en Belgique, poursuivant le travail entrepris par l'I.N.R.-N.I.R. avant la guerre. En 1954, retraité et récemment admis comme membre de la "Commission de la vieille chanson populaire", il récolte ainsi une centaine d'enregistrements grâce à une vaste enquête sonore en Wallonie.
A la création du service d’Ethnomusicologie du Musée Royal de l’Afrique centrale (MRAC) à Tervuren, on lui doit aussi l'organisation des "Colloques de Wégimont", forum international auquel participent des ethnomusicologues tels que Marius Schneider, Gilbert Rouget, Constantin Brailoiu, Claudie Marcel-Dubois. Il devient la force motrice de "l’International Institute for Comparative Music Studies (IICMS)" de Berlin et participe à la fondation de la série de l’Unesco An Anthology of African Music que Bärenreiter publie à partir de 1965.
Il dirige la publication de quatre fascicules de la série Musikgeschichte in Bildern et, en 1982, il a la possibilité de fonder, au sein du MRAC, le "Centre ethnomusicologique Paul Collaer (ECPC)" qui édite notamment divers disques microsillons.
En 1974, Paul Collaer publie un ouvrage fondamental sur les musiques traditionnelles en Belgique, qui constitue une première synthèse d'envergure sur le sujet : La musique populaire traditionnelle en Belgique, Bruxelles, Palais des Académies, 1974.
[Sources : Introdution d'Ignace DE KEYSER dans Annette BOUCNEAU, Inventaire des Archives Paul Collaer conservées au Musée royal de l'Afrique centrale, Tervuren, 2009, p. 6 ; Yves LENOIR (éd.), Le fonds Paul et Elsa Collaer. Un choix de cent documents, catalogue de l’exposition organisée à la Bibliothèque royale de Belgique du 4 février au 11 mars 2000, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, 2000.]
