À l'occasion de la journée internationale de la danse, ce 29 avril, Melchior vous propose de découvrir un témoignage exceptionnel sur les danses traditionnelles ardennaises, telles qu'elles se dansaient encore en 1955 dans le village de Harre, en province de Liège. Le film muet et les images proviennent d'une enquête du Musée de la Vie wallonne.
Situé à la limite de la Famenne et de l'Ardenne, à l'orée d'un bois qui porte le même nom, le charmant village de Harre appartenait au Moyen Âge à la Seigneurie de l'ancienne Abbaye cistercienne du Val Saint-Lambert, dépendant du prévôté de la ville proche de Durbuy. L'endroit est aujourd'hui encore très pittoresque, avec sa petite église de grès et de pierre bleue surmonté d'une horloge du 17e, ses fermes du 19e siècle en moellons de grès et pierre bleue et sa source d'eau minérale aux vertus fabuleuses.
Ancienne Abbaye du Val Saint-Lambert, située à Seraing, près de Liège. L'église fut détruite à la Révolution française et les bâtiments rachetés en 1825 par une cristallerie à la réputation mondiale.
Dans ce cadre propice, au cœur d'un écrin de nature, la tradition de la danse populaire a pu se maintenir tardivement, à une époque où elle était déjà presque éteinte. Les danseurs les plus âgés ont entrepris d'apprendre aux plus jeunes les danses de leur enfance. Parmi celles-ci, on retrouve la célèbre maclote : déformation wallonne du mot "matelote" (danse de marins), elle désigne une forme de contredanse, danse de couple exécutée en colonne. Elle est d'origine française, comme les autres "p'titès danses" (petites danses) qui l'accompagnent souvent dans les Ardennes : notamment l'amoureuse, le passe-pied et l'allemande. On trouve également la Danse des Lanciers et Li Tchéron ("Le charretier", en wallon), issue de Galopede, une contredanse anglaise figurant dans plusieurs manuscrits du début du 19e siècle, selon le Canard Folk.
La danses des Tchérons, interprétée par Jules Labasse et enregistrée par Roger Pinon en 1949 :
Pour immortaliser ces danses, Paul André, conservateur du Musée de la Vie wallonne, s'est rendu à Harre en 1955 pour y mener une enquête ethnographique, accompagnée d'un reportage photographique de 15 clichés sur plaque de verre. On y voit les villageois qui exécutent leurs danses dans la rue, animés par le groupe "Les harkays èt leurs vîhès danses".
Une contredanse en colonne à Harre, 1955. © Paul André, Musée de la vie wallonne
Un film muet de près de 17 minutes a également été réalisé. S'il ne permet malheureusement pas d'entendre la musique, il offre un aperçu extrêmement précieux et détaillé des danses telles qu'elles étaient pratiquées, ainsi que de l'ambiance générale qui régnait au village pendant cet événement. Melchior vous propose de la découvrir à l'occasion de la journée internationale de la danse.
Antoine Danhier