IMEP | Institut supérieur de Musique et de Pédagogie - Namur

"Li bokèt do vinr'di", la nouvelle chronique de Melchior consacrée aux chansons en wallon

Melchior profite de la rentrée pour inaugurer une nouvelle chronique autour des musiques traditionnelles wallonnes, un rendez-vous hebdomadaire sur notre page Facebook et mensuel sur le site. Ce vendredi, en guise d'inauguration, nous vous proposons de découvrir la chanson de Lambert, récemment ajoutée à la phonothèque. 

Tout part d'une envie : celle de valoriser comme il se doit une partie du répertoire présent dans la phonothèque de Melchior qui a tendance à rester un peu dans l'ombre : les chansons en wallon. Ce n'est pas tant un problème de manque de ressources : elles abondent véritablement dans notre corpus. C'est plutôt qu'elles sont plus complexes à écouter de prime abord. Elles ne sont pas immédiatement intelligibles et parfois plus décalées. Pourtant, elles représentent un témoin historique et géographique précieux, complémentaire des chansons en français et essentiel à prendre en compte. 

Même sans maîtriser le wallon (et ses multiples variantes), on ne peut rester insensible aux sonorités et inflexions savoureuses de cette langue menacée d'extinction. Elle possède une musicalité propre, bien différente de celle du français. Il nous semble d'autant plus émouvant d'y avoir accès à travers des traces aussi anciennes que les collectages, comme des échos fragiles d'un passé qui paraît déjà lointain, presque étranger, bien que seules quelques décennies nous en séparent.

Cette chronique, Li bokèt do vinr'di ("Le morceau du vendredi" en wallon namurois), ce sera donc avant tout le plaisir capiteux de la découverte de l'histoire wallonne et de la langue, des thèmes et préoccupations d'une époque qui n'est plus la nôtre. La Chanson de Lambert, que nous vous proposons de découvrir dans ce premier article, en constitue un bon exemple : on y retrouve le thème fort répandu de l'homme mal marié, du mari malheureux, tandis que la femme reste cantonnée à un rôle de ménagère. Nous proposons de la prendre pour ce qu'elle est : une trace historique. Le choc de la rencontre qu'elle nous propose est d'autant plus fort que notre positionnement moral sur la question a radicalement changé depuis lors. 

Comme le nom de la chronique le laisse entendre, le rendez-vous est donné tous les vendredis à 15 heures sur notre page Facebook pour la découverte d'une chanson courte, d'une comptine ou d'une strophe en wallon, accompagnée de sa traduction pour en saisir le propos. Chaque premier vendredi du mois, une chanson plus longue sera abordée, ce qui donnera lieu à un article sur ce site, dans la partie "Actualités". Nous optons volontairement pour un format sobre, sans multiplier les commentaires et l'analyse, afin de mettre en lumière la matière brute, la langue et les thématiques abordées. 

Voici la chanson de Lambert (ou Lambèrt vos v's-ènnè r'pintirez) :

Traduction

Lambert vous vous en repentirez, (bis)

De la femme que vous voulez épouser. (bis)

Allez, vous n'avez pas de goût,
Si vous épousez cette paresseuse.
Lambert vous vous en repentirez,
Quand vous la connaîtrez.
 
Lambert vous vous en repentirez, (bis)
De la femme que vous voulez épouser. (bis)
Dans la marmite où elle cuit son choux,
De ce brouet tombent des gouttes.
Comme une lampe en cuivre,
Toujours vous la verrez reluire.
 
Article de Antoine Danhier